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Comment Dieu travaille - pour nous, en nous, par nous ?
J. Kœchlin

Romains 5. 12 à 7

Au chapitre 5. 12-21, nous sont présentés deux chefs de race et leurs familles respectives. Nous appartenons par la naissance à la race d’Adam, qui se reproduit, moralement conforme à elle-même, d’une génération à l’autre. Race de pécheurs, de désobéissants, de transgresseurs, nous sommes de ce fait condamnés à mort, selon la sentence de Dieu dès le jardin d’Éden. Il n’y a pas d’autre issue : Dieu ne répare pas ce que l’homme a gâté. Ce qu’il fait : il introduit un nouvel homme, son Fils, chef d’une nouvelle famille à laquelle appartient désormais l’enfant de Dieu. Sans doute, la vieille nature est-elle toujours dans le croyant, mais Dieu a réglé ce problème, car il n’y a pas place devant lui pour deux hommes : cette mort que l’homme en Adam méritait, elle a été subie par le Christ à la croix et, par conséquent, le croyant peut considérer cette vieille nature comme définitivement mise de côté par Dieu.

En cela consiste l’affranchissement, expression magnifique, synonyme de liberté, de délivrance. Bonne nouvelle s’il en est une, et qui fait bien partie de cette bonne nouvelle qu’est l’évangile complet !

De quoi sommes-nous délivrés ?

De la chair, du moi et de la confiance qu’il inspire, des illusions sur le bien existant dans la nature humaine ; voilà où Dieu veut nous amener : être entièrement d’accord avec lui a ce sujet. Et comment sommes-nous délivrés ? Par la mort. Mais « mort » dans l’Écriture ne signifie pas inexistence ni anéantissement ; cet état indique une séparation, une absence de relation avec Dieu. Par exemple, en Éphésiens 2. 1, ceux qui étaient « morts dans leurs fautes et dans leurs péchés » étaient bien vivants quant à la chair ; en Apocalypse 20. 12, devant le grand trône blanc, nous voyons les morts, grands et petits, se tenir debout ; et nous savons que la seconde mort est bien une existence, hélas éternelle, loin de Dieu.

Les membres de l’homme, ses multiples facultés, employés jusque-là, pas toujours pour faire de mauvaises choses, mais toujours pour lui-même, pour sa propre satisfaction, vont, chez le croyant, changer de propriétaire. Ces membres : notre langue, notre intelligence, notre mémoire… ne sont que des instruments neutres, sous une certaine direction. Les voilà délivrés de l’assujettissement obligatoire au moi par la « mort » de celui-ci ; ils sont disponibles pour une autre autorité qui se substitue à la première. C’est le Christ qui va utiliser ces mêmes membres, autrefois au service du moi, des convoitises, du péché, du monde, pour un nouveau service ; ils vont devenir instruments de justice (Romains 6. 13 fin).

Mais dans la pratique, cette nouvelle autorité ne peut pas toujours s’exercer, parce que la chair, sortant de sa place (la mort), s’attribue des droits qu’elle a perdus. D’où l’exhortation du verset 11 : « Estimez-vous vous-mêmes comme morts » ; autrement dit surveillez la chair, maintenez-la où Dieu l’a placée, ne la laissez pas reprendre le contrôle de ce qui ne lui appartient plus. Nous tenir pour morts, c’est réaliser pratiquement cette destitution du moi, ce fait que tout en nous – nos facultés, nos capacités – appartient à un nouveau maître et doit rester à sa disposition. Car le Seigneur l’a dit : « Personne ne peut servir deux maîtres ». C’est une vérité que nous avons à saisir par la foi, comme le pardon des péchés.

L’affranchissement d’un croyant est donc un acte de foi de sa part, comme la conversion, et il ne faudrait pas croire qu’il est nécessaire pour comprendre cela d’arriver à la fin de sa vie chrétienne. Mais le principe est une chose, l’expérience pratique en est une autre et nous savons que notre tendance est de soustraire au Seigneur ce qui lui appartient, pour le remettre au service du « moi ».

Au chapitre 7. 12, nous assistons à un combat décourageant. Un homme lutte, il a la vie de Dieu, il sait ce qu’est le bien, mais il n’a pas la force de l’accomplir, ou plutôt, il cherche la force en lui-même, et ce n’est pas là qu’elle se trouve. Tout au long de ce chapitre, ce pauvre croyant est occupé de lui-même ; nous trouvons au moins quarante fois « Je », « moi », « me » : c’est le moi qui est le centre. Cet homme cherche à se débarrasser de ses tendances, il cherche à plaire à Dieu, mais enregistre échec sur échec. Qui de nous n’a pas fait cette expérience ? Nous prenons une bonne résolution, et comme elle s’envole vite !

Cela signifie-t-il qu’on ne doit pas faire d’effort, puisque c’est inutile ? Doit-on tout laisser aller ?

Certes, il y a des efforts à faire mais dans le sens d’une surveillance. Dans une armée, sur le front, la vigilance de la sentinelle exige un effort différent de celui du combattant, mais la victoire en dépend dans une large mesure. Tenir la chair dans la mort, cultiver la communion avec le Seigneur, ce n’est pas une petite chose et c’est en cela que consiste notre effort (qui n’est possible que par le Saint Esprit) : rester près du Seigneur, pour que, tenus par sa main, nous comprenions enfin que nous avons besoin de lui pour tout. Séparés de lui, nous ne pouvons rien faire (Jean 15. 5). Aussi, à la fin de ce chapitre 7, nous entendons ce croyant, qui a vainement essayé de s’extraire du marécage dans lequel il était embourbé, s’écrier enfin : « Je ne peux pas me délivrer moi-même ; j’ai besoin qu’une main se tende vers moi. Qui me délivrera de ce corps de mort ? Tout seul cela m’est impossible ». Justement le Seigneur attend que nous ayons fait cette expérience, qui peut être plus ou moins longue et pénible, pour se faire connaître à nous comme le grand libérateur.

Ainsi, à mesure que la grâce de Dieu travaille en nous, Dieu nous fait perdre peu à peu nos illusions sur nous-mêmes, pour nous apprendre à nous confier plus pleinement en lui. Nos déceptions proviennent de ce que nous nous attendons à trouver du bien dans l’homme. Il nous faut apprendre et expérimenter que tout ce que nous ne trouvons pas en nous, nous pouvons l’attendre de Jésus Christ, notre Seigneur, et c’est là qu’est véritablement la paix et le bonheur pour nous.