Depuis l’époque du prophète Malachie, quatre siècles se sont écoulés, au cours desquels il ne s’est point levé de prophète connu en Israël. Quatre siècles d’histoire mouvementée et souvent dramatique, annoncée dans le livre de Daniel à travers des chapitres de portée prophétique plus lointaine (chapitres 9 à 11). Malgré le réveil du peuple au temps des Macchabées, le temps des nations se poursuit. Le Sauveur paraît dans une période des plus sombres de l’histoire nationale juive quand tout semble perdu : le temple dans lequel officient les sacrificateurs a été reconstruit par Hérode le Grand, un tyran cruel. À l’intérieur, il n’y a ni arche, ni propitiatoire. Le souverain sacrificateur n’a plus les Urim et les Thummim par lesquels il obtenait les réponses de l’Éternel. Ainsi, les manifestations divines officielles ont disparu. La sentence du Lo-Ammi (“pas mon peuple” Osée 1. 9) pèse sur la nation. Pourtant, ce silence va être rompu par Jean-Baptiste, envoyé de Dieu, dont la voix se fait entendre au Jourdain loin de la foule de Jérusalem. Elle annonce l’arrivée de Celui dont le nom était caché jusqu’ici : JÉSUS.
Luc fait partie, avec Matthieu et Marc, des évangiles synoptiques appelés ainsi parce qu’ils présentent le ministère et la vie du Seigneur à travers nombre d’épisodes identiques, même si, ici ou là, on remarque des omissions, des additions ou des différences. Guidés par le Saint Esprit, ces trois auteurs ont mis en valeur, quoique sous des aspects différents, l’humanité de Jésus, sans ternir sa divinité. Le quatrième évangile, celui de Jean, donne la pleine révélation de sa divinité sans voiler son humanité. On peut ajouter que deux évangélistes, Matthieu et Jean, sont des apôtres, témoins oculaires des faits qu’ils rapportent. Les deux autres, Marc et Luc, sont plutôt des prophètes qui ont rassemblé avec soin les faits qui leur ont été rapportés. Deux présentent les gloires officielles du Seigneur : le roi dans Matthieu, le serviteur dans Marc. Deux font ressortir plus particulièrement ses gloires personnelles : le Dieu véritable en Jean, l’homme parfait en Luc.
C’est le seul évangile où Dieu s’approche aussi près de l’homme. Le grand mystère de la piété est placé devant nous : “Dieu manifesté en chair, justifié en Esprit, vu des anges, prêché parmi les nations, cru au monde, élevé dans la gloire” 1 Timothée 3. 16. Tout ce qui souligne l’humanité parfaite du Seigneur trouve abondamment sa place dans le récit selon Luc :
Les quatre évangiles présentent chacun un des aspects de l’offrande de Jésus Christ, aspects symbolisés dans les cinq sacrifices du livre du Lévitique (chapitres 1 à 5). Si l’offrande de gâteau1 apparaît dans les quatre évangiles, l’évangile selon Luc lui accorde, avec le sacrifice de prospérités2, une place importante.
Cet évangile met en valeur la perfection de l’homme Christ Jésus s’offrant à Dieu dans sa vie et dans sa mort. Une offrande faite de fine fleur de farine (son humanité sans tache), exempte de levain (l’image du mal), pétrie et ointe d’huile (Jésus conçu et oint de l’Esprit Saint), recouverte d’encens (la bonne odeur de Christ pour Dieu). Une offrande tout entière pour la joie et la gloire du Père.
On trouve déjà ce caractère de l’offrande de Christ dans le Psaume 16 qui trace le chemin de la foi – ouvert par Christ pour nous – le chemin de la viePsaume 16. 11.
Cet évangile est adressé à l’humanité entière appelée à contempler que “ce qui attire dans un homme, c’est sa bonté” Proverbes 19. 22, car “la bonté de notre Dieu sauveur et son amour envers les hommes sont apparus” Tite 3. 4. Évangile de la grâce, l’évangile de Luc parle des pauvres, des exclus : les bergers venus à Bethléem, les parents de Jésus offrant le sacrifice des pauvres, les veuves qui l’honoraient ou auxquelles il apporte son soutien… les malades qui avaient besoin du divin médecin.
Un évangile où le Saint Esprit accorde à des femmes comme Élisabeth, Marie, Anne et bien d’autres une place remarquable et le plus souvent une spiritualité élevée.
Un évangile où les cantiques et les actions de grâces abondent : Zacharie, Siméon, l’armée céleste, les bergers, les disciples d’Emmaüs, les apôtres tour à tour bénissent ou glorifient Dieu.
Même s’il parle clairement de lui-même au premier chapitre, l’auteur ne se nomme ni dans l’évangile, ni dans le livre des Actes. Ces deux écrits ont le même auteur et sont adressés tous deux au même Théophile. L’évangile était rédigé lorsque Luc commence à écrire le livre des ActesActes 1. 1.
Si Luc parle peu de lui-même, les épîtres cependant nous livrent des informations utiles. Paul l’appelle “le médecin bien-aimé” Colossiens 4. 14, “le compagnon d’œuvre” de PaulPhilémon 24. La seconde épître à Timothée nous apprend qu’il se trouvait à Rome quand l’apôtre Paul était en prison et qu’il resta fidèlement près de lui2 Timothée 4. 11. D’après Colossiens 4, on peut conclure qu’il est un Gentil3 d’Asie au même titre qu’Epaphras et Démas. Un écrivain des nations – le seul de toute la Parole probablement – a donc rédigé à l’adresse d’un autre Gentil, Théophile, l’évangile destiné aux nations.
Philippiens 2 pourrait titrer les grandes divisions de l’évangile
Une autre division apparaît cependant à la fin du chapitre 9, lorsque le Seigneur dresse sa face résolument pour monter à Jérusalem (Luc 9. 51). Après sa venue et son ministère sur la terre (chapitres 1 à 9), le Seigneur a maintenant devant lui son départ vers la gloire. Son dernier voyage à Jérusalem le conduit aux souffrances et à la mort de la croix, puis à sa résurrection et à son élévation dans la gloire (chapitres 10 à 24). Cette montée à Jérusalem est présentée dans une longue parenthèse (chapitres 9. 51 à 19. 28), qui contient une série de récits et d’enseignements moraux particuliers à Luc. Deux bornes (chapitre 13. 22 et chapitre 17. 11) divisent naturellement cette parenthèse en trois parties. En définitive, le plan suivant a été adopté pour l’évangile :