La Bonne Semence
Le philosophe et mathématicien du 17e siècle, Blaise Pascal, était un croyant. Voici l’un de ses textes (“Pensée 73”), modernisé et simplifié, qui est une réflexion sur la place que tient l’homme dans l’univers, entre l’infiniment grand et l’infiniment petit :
“Que l’homme contemple donc la nature entière dans sa haute et pleine majesté. Que la terre lui paraisse comme un point au vu de l’orbite qu’elle décrit, et qu’il s’étonne de ce que cette orbite elle-même n’est qu’un point très délicat comparé à l’orbite des autres astres. Tout ce monde visible n’est qu’un trait imperceptible dans l’univers. Notre imagination se perd dans cette pensée : c’est à cela que se voit le mieux la toute-puissance de Dieu.
Que l’homme, étant revenu à lui-même, considère ce qu’il est ; qu’il se regarde comme égaré dans cette région perdue de la nature ; et que de ce petit cachot où il se trouve logé, je veux dire l’univers, il apprenne à estimer la terre, les royaumes, les villes et lui-même à leur juste valeur. Qu’est-ce qu’un homme face à l’infini ?
Mais qu’une fourmi lui offre dans la petitesse de son corps des éléments incomparablement plus petits, des pattes avec des jointures, il verra là-dedans un abîme nouveau ! Qu’il se perde dans ces merveilles, aussi étonnantes dans leur petitesse que les autres par leur immensité. Celui qui considérera cela tremblera face à ces merveilles ; et je crois que sa curiosité se changera en admiration, et qu’il sera disposé à les contempler en silence.”