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Formés à l'école de Dieu
J.B. Stoney

C’est dans la période la plus triste et la plus mouvementée de l’histoire d’Israël que Jérémie est appelé à servir. Il y a, dans son histoire, beaucoup à apprendre sur le caractère de celui que le Seigneur emploie dans un tel temps, et la façon particulière dont Il le prépare à la mission qui lui est confiée.

Jérémie est un sacrificateur d’Anathoth en Benjamin ; il est, pouvons-nous dire, par sa naissance et ses associations en rapport avec la hiérarchie du temps ; et il est appelé à rendre témoignage contre ce qui lui est si familier et si cher. Dieu choisit Ses propres instruments, et il est évident qu’Il prépare tout ce qui les concerne. C’est pourquoi il est dit de Jérémie : « Avant que je te forme dans le ventre de ta mère, je t’ai connu, et avant que tu sortes de son sein, je t’ai sanctifié, je t’ai établi prophète pour les nations ». Il est remarquable que ce soit pour les nations, car presque toute sa prophétie a trait à la chute et la captivité d’Israël, et à son assujettissement aux nations avoisinantes, avec l’espérance assurée d’un avenir glorieux.

Le premier sentiment de Jérémie devant ce grand service est celui-ci : « Je suis un enfant ». « Ah, Seigneur Éternel ! voici, je ne sais pas parler ; car je suis un enfant ». Le sentiment d’impuissance, quand il va de pair avec l’assurance du secours de l’Éternel, rejette le serviteur pleinement sur Lui ; et Il aide pleinement quand on s’appuie pleinement sur Lui. C’est pourquoi l’Éternel l’encourage ainsi : « Ne dis pas : Je suis un enfant, car pour tout ce pour quoi je t’enverrai, tu iras, et tout ce que je te commanderai, tu le diras. Ne les crains point ; car je suis avec toi pour te délivrer, dit l’Éternel ». C’est la première grande leçon du serviteur à l’école de Dieu : avec ce sentiment de n’être qu’un enfant, faible en moi-même, j’ai la confiance assurée de pouvoir aller partout où Dieu m’envoie, et de pouvoir dire ce qu’il m’a commandé de dire.

Pour cela, l’Éternel confère un don à Jérémie. Il étend sa main et touche sa bouche. « Et l’Éternel me dit : Voici, j’ai mis mes paroles dans ta bouche ». Il reçoit ainsi sa mission ; c’est un moment de toute importance dans l’histoire d’un serviteur, pensons au don de Timothée par l’imposition des mains du corps des anciens ; non seulement il acquiert ce sentiment qu’il est envoyé dans ce monde comme un luminaire, mais il connaît désormais la nature précise de son service. Ainsi Jérémie reçoit une révélation de l’Éternel en rapport avec la nature et le caractère de son ministère. Il est intéressant de remarquer la façon particulière dont chaque serviteur est préparé ou envoyé à son service. Ici, c’est par deux emblèmes : par le bâton d’amandier, qui montre que l’Éternel accomplira ce qu’Il se propose : « Je veille sur ma parole pour l’exécuter » ; et par le pot bouillant, « dont le devant est du côté du nord », montrant que son témoignage contre Israël et les nations à l’entour comporte le jugement. Et maintenant qu’il est fortifié par ces visions, l’Éternel lui recommande (versets 17-19) de mettre sa ceinture et d’avoir bon courage « de peur que moi je ne t’épouvante devant eux ». Jérémie est ainsi préparé à son service ; et la pensée de l’Éternel lui est révélée au chapitre 2. Le cœur de l’Éternel face à l’état du peuple lui est révélé et cela produit sur lui l’effet que cela aurait dû produire sur Israël, comme il le dit au chapitre 8. 18 jusqu’au chapitre 9. 1 : « O ma consolation dans ma douleur ! Mon cœur est languissant au-dedans de moi. Voici, la voix du cri de la fille de mon peuple vient d’un pays lointain : l’Éternel n’est-il pas dans Sion ? Son Roi n’est-il pas au milieu d’elle ? Pourquoi m’ont-ils provoqué par leurs images taillées, par les vanités de l’étranger ? La moisson est passée, l’été est fini, et nous ne sommes pas sauvés. Je suis brisé de la ruine de la fille de mon peuple ; je mène deuil, l’épouvante m’a saisi. N’y a-t-il pas de baume en Galaad ? N’y a-t-il pas là de médecin ? Car pourquoi n’a-t-on pas appliqué un appareil de pansement à la fille de mon peuple ? Oh ! ma tête, que n’est-elle des eaux, et mes yeux, une fontaine de larmes ! et je pleurerais jour et nuit les blessés à mort de la fille de mon peuple ! »

C’est l’un des plus beaux traits du caractère d’un serviteur que d’être touché lui-même de la façon la plus complète et la plus profonde par la parole de l’Éternel destinée à ceux auxquels il parle. Il montre la valeur qu’il attache à la Parole, s’il entre personnellement dans la signification et la force de la pensée de l’Éternel qu’il est appelé à communiquer, s’il l’éprouve pour lui-même de la manière dont l’Éternel voudrait que ses auditeurs en soient affectés.

Mais Jérémie ne connaît pas que la souffrance de cœur due à l’état d’Israël ou au jugement mérité par le peuple ; il sait aussi ce qu’est la persécution : « j’étais comme un agneau familier qui est mené à la tuerie » (11. 19) ; et cette persécution est des plus amères, parce qu’elle vient de son propre peuple, de sa propre ville, à cause de sa fidélité dans son service : « C’est pourquoi, ainsi dit l’Éternel touchant les hommes d’Anathoth qui cherchent ta vie, disant : Ne prophétise pas au nom de l’Éternel, afin que tu ne meures pas par nos mains ; – c’est pourquoi, ainsi dit l’Éternel des armées : Voici, je les punis ».

Au chapitre 13, le prophète apprend par une ceinture de lin, qu’il met sur lui, et cache ensuite dans l’Euphrate, dans le creux d’un rocher, ce que l’Éternel éprouve au sujet de Son peuple ; et il voit ce que le peuple sera dans son rejet : comme cette ceinture gâtée et bonne à rien. Par ce simple moyen, le serviteur est enseigné, et il entre dans la pensée de l’Éternel au sujet de Son peuple. Il est intéressant de voir que ce n’est pas seulement par des instructions verbales que le serviteur est préparé à son œuvre. Son sentiment de l’état de déchéance d’Israël est peut être très faible en comparaison de celui de l’Éternel, mais le grand point pour qu’un serviteur puisse être utile, c’est qu’il saisisse en vérité et en réalité, quelque faiblement que ce soit, la pensée du Seigneur au sujet de Son peuple dans les diverses circonstances. Quelque connaissance qu’il ait de la Parole, un serviteur a souvent besoin que Dieu lui rende concrète la vérité qu’il présente. Ce peut être la raison de certaines circonstances par lesquelles il nous fait passer.

Un homme de Dieu, un vrai serviteur, doit pouvoir communiquer, non seulement la parole de Dieu, mais aussi, dans une mesure au moins, les sentiments de son Maître. Ainsi, ce qui donne puissance à un évangéliste, c’est d’avoir le cœur touché par l’amour de Dieu pour les pécheurs ; et dans la mesure où il en est étreint, il peut accomplir son service.

De plus, quand, selon sa mesure, le serviteur entre dans la pensée du Seigneur, dans les paroles qu’Il lui donne d’exprimer, et que cette parole est rejetée, il en éprouve une souffrance, et il ressent alors profondément l’obstination du cœur de l’homme, qui rejette la parole de Dieu. C’est pourquoi Jérémie dit : « Et si vous n’écoutez pas ceci, mon âme pleurera en secret à cause de votre orgueil, et mon œil pleurera amèrement et se fondra en larmes, car le troupeau de l’Éternel est allé en captivité » (13. 17).

Le Seigneur communique à Jérémie Sa pensée au sujet du présent, il lui annonce les événements à venir, et le prépare ainsi à entendre autant ce qui est triste et terrible, que ce qui est heureux et agréable. Il est plus facile de travailler quand tout semble promettre et prospérer, et on se découragerait vite à l’apparition d’un nuage ou d’un contretemps, comme Marc en Pamphylie. Mais celui auquel le Seigneur peut parler des peines à venir, est préparé par grâce à les rencontrer dans l’esprit de Christ.

Au chapitre 14, l’opposition des faux prophètes conduit Jérémie à s’identifier davantage aux fidèles du peuple, pour confesser son péché et renouveler ses supplications pour Juda.

Mais au chapitre 15l’Éternel lui dit : « Quand Moïse et Samuel se tiendraient devant moi, mon âme ne serait pas tournée vers ce peuple ». Il faut que soit exécuté le jugement, à propos duquel Jérémie nous dit ce qu’il éprouve au verset 10. Il est bon de ne pas être insensible, toutefois il ne faut pas céder à ses propres sentiments ni être conduit par eux. Notre Seigneur pouvait dire : « Les torrents de Bélial (de l’iniquité) m’ont fait peur ». Il est normal d’être sensible à la souffrance et à l’opposition, mais il ne faut pas que cela nous gouverne. Quand un serviteur de Christ éprouve son isolement, il peut se tourner vers Dieu pour être secouru et c’est ce que fait Jérémie au verset 15 ; il est alors réjoui et encouragé : « C’est pourquoi, ainsi dit l’Éternel : Si tu te retournes, je te ramènerai, tu te tiendras devant moi ; et si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est vil, tu seras comme ma bouche. Qu’ils reviennent vers toi, mais toi ne retourne pas vers eux. Et je te ferai être à l’égard de ce peuple une muraille d’airain bien forte ; ils combattront contre toi, mais ils ne prévaudront pas sur toi ; car je suis avec toi pour te sauver et pour te délivrer, dit l’Éternel ».

Au chapitre 16, le prophète doit renoncer à se marier : « Tu ne te prendras point de femme et tu n’auras point de fils ni de filles en ce lieu-ci ». Il doit aussi rester séparé de tous les plaisirs de la société. « Et tu n’entreras pas dans une maison de festin afin de t’asseoir avec eux pour manger et pour boire ». Le vrai serviteur souffre toujours. Il doit se refuser toute espèce de confort et de bonheur personnels là où le nom de l’Éternel est déshonoré. Ce n’est pas facile d’être un serviteur en un temps où le peuple de l’Éternel a abandonné sa vraie position et où il est pratiquement indifférent à son état et au jugement que l’Éternel porte sur lui. Au verset 19, Jérémie trouve sa consolation et son refuge en l’Éternel : « Éternel, ma force, et ma forteresse, et mon refuge au jour de la détresse ! » Et au chapitre 17, lorsqu’il prédit la captivité de Juda, et la malédiction de Dieu sur la confiance en l’homme, tout en se tournant vers Dieu pour lui-même (verset 14), il rencontre les sarcasmes amers des moqueurs aux versets 15, 16 ; mais cela le rejette d’autant plus sur l’Éternel, comme nous le voyons aux versets 17, 18. Tout cet exercice ne fait que le préparer à recevoir sa mission particulière. Aucun serviteur ne peut considérer les expériences de Jérémie sans être encouragé et aidé en voyant la grâce variée qui est manifestée à l’égard de quelqu’un de caractère si timide et sensible.

C’est un moment profondément pénible pour le prophète que celui où il lui faut annoncer la ruine de tout ce qui porte le nom de l’Éternel sur la terre. Jérémie doit le faire d’une manière bien claire et significative ; il est invité au chapitre 19 à aller acheter un vase de potier, prendre des anciens du peuple et des anciens des sacrificateurs, sortir vers la vallée du fils de Hinnom, et crier là les paroles « que je te dirai » : « Et tu briseras le vase devant les yeux des hommes qui sont allés avec toi, et tu leur diras : Ainsi dit l’Éternel des armées : Je briserai ainsi ce peuple et cette ville, comme on brise un vase de potier qui ne peut être raccommodé ; et on enterrera à Topheth, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de place pour enterrer. Je ferai ainsi à ce lieu, dit l’Éternel ». Personne ne peut se méprendre sur la signification de cette prédiction terrible ; dans sa simplicité et sa clarté, elle place le prophète dans une position de séparation qui va produire de nouvelles souffrances et de nouvelles persécutions.

Chapitre 20 : Pashkhur, le sacrificateur, premier intendant dans la maison de l’Éternel, le frappe et le met au bloc ; et là il est exposé au mépris du peuple qui aurait dû le respecter comme envoyé de Dieu.

Ce n’est pas tant la souffrance physique qui affecte Jérémie dans la persécution, c’est le sentiment du triomphe du mal sur le bien, tandis qu’il subit l’opprobre sans le mériter. Rien n’afflige tant que l’injustice. On trouve rarement quelqu’un, même un jeune enfant, qui ne soit profondément blessé par un châtiment injuste. « Ils m’ont rendu le mal pour le bien » : ce fut l’une des grandes souffrances de notre Seigneur, et plus ce bien est grand, plus le mal afflige. L’Éternel vengera Jérémie et punira Pashkhur. Malheur à quiconque persécute l’homme de Dieu ou lui fait du mal. « Maudit soit celui qui te maudira », l’Éternel lui rendra selon ses œuvres. D’autre part, Jérémie a sa propre détresse intérieure, parce qu’il doit annoncer la souffrance et le jugement sur ce qu’il chérit et considère comme sacré.

Mais dans l’histoire de l’école par laquelle l’Éternel fait passer Son serviteur, les moments de faiblesse et de manquements doivent être rapportés aussi bien que les moments de force et de vigueur. Ici, nous voyons Jérémie reprocher à l’Éternel de l’avoir livré à la souffrance amenée par la proclamation de la vérité, alors qu’il aurait souhaité être reconnu comme prophète et honoré. C’est trop pour sa foi : « Tu m’as entraîné, ô Éternel ! » dit-il. Le serviteur traverse quelquefois cette sorte de détresse. Ici elle est si grande qu’il dit même : « Maudit le jour où je naquis ! » Et pourtant toute cette souffrance prépare le serviteur à être plus simplement et sans réserve tourné vers l’Éternel. En la traversant il pourra dire : « Chantez à l’Éternel, louez l’Éternel ! Car il a délivré l’âme du pauvre de la main des méchants ».

Au chapitre suivant (21), Sédécias envoie des messagers au prophète pour lui demander quelle est la pensée de l’Éternel au sujet de la guerre que lui fait Nébucadnetsar. Jérémie est maintenant reconnu comme prophète de l’Éternel ; il a été abaissé, il est maintenant élevé, et il peut annoncer ce qu’il en adviendra du siège avec la seule vraie façon d’y échapper. Quelles vicissitudes il doit rencontrer ! Un temps, abattu et objet d’opprobre et de mépris ; un temps, reconnu par le roi comme celui qui seul peut présenter la pensée de l’Éternel. Néanmoins il est en butte à l’opposition parce qu’il annonce la destruction de tout, et parce qu’il affirme qu’il faut accepter le jugement et se soumettre à la captivité. Cela n’est pas facile pour Jérémie, l’un des sacrificateurs d’Israël, d’insister sur la position désespérée de celui qui resterait à Jérusalem ; de dire qu’on ne peut avoir de sécurité qu’en devenant captif du roi de Babylone.

Au chapitre 23, Jérémie souffre à cause des faux-prophètes qui séduisent le peuple en lui donnant la certitude qu’il aura la paix. On peut les comparer aux docteurs laodicéens qui bercent les âmes par la pensée qu’elles n’ont besoin de rien ; signe certain qu’ils ne cherchent pas Christ. Plus Il satisfait le cœur, plus cela pousse à Le connaître mieux et à tout abandonner pour Lui. On dit alors : « à cause duquel j’ai fait la perte de toutes (choses) et je les estime comme des ordures, afin que je gagne Christ ».

Au chapitre 27, Jérémie poursuit son service ; et il lui est demandé de présenter dans sa personne la condition à laquelle les nations seront réduites. « Ainsi me dit l’Éternel : Fais-toi des liens et des jougs, et mets-les sur ton cou ». Avec quelle promptitude il peut passer d’un service à l’autre ! Un serviteur indifférent trouverait un prétexte pour ne pas répondre à un tel appel, en disant par exemple que ce n’est pas de son ressort, ou que cela ne fait pas partie de son travail ; alors que la seule question est celle-ci : le Seigneur m’y a-t-il appelé ou non ? Jérémie s’emploie à ce que l’Éternel lui a dit de faire.

Au chapitre 28, Jérémie doit résister à Hanania, qui prophétise le mensonge, « dans la maison de l’Éternel, aux yeux des sacrificateurs et de tout le peuple, disant : Ainsi a parlé l’Éternel des armées, le Dieu d’Israël, disant : J’ai brisé le joug du roi de Babylone. Encore deux années, et je ferai revenir en ce lieu tous les ustensiles de la maison de l’Éternel que Nébucadnetsar, roi de Babylone, a pris de ce lieu et a transportés à Babylone ; et Jéconias, fils de Jéhoïakim, roi de Juda, et tous les transportés de Juda qui sont allés à Babylone, je les ramènerai dans ce lieu, dit l’Éternel ; car je briserai le joug du roi de Babylone ».

C’est un moment très éprouvant pour le serviteur quand il rencontre l’opposition de quelqu’un qui prétend parler de la part de Dieu, qui dispose des sympathies du peuple et qui, avec une prétention arrogante, flatte les espérances charnelles de chacun, si bien que le serviteur de l’Éternel est réduit à l’isolement le plus complet à l’égard de ceux qu’il voudrait servir dans son témoignage.

Jérémie rappelle alors simplement le critère permettant de reconnaître un vrai prophète de paix. Mais quand Hanania prend le joug de dessus le cou du prophète Jérémie, et le brise, qu’il dit en présence de tout le peuple : « Ainsi dit l’Éternel : Encore deux années, et je briserai ainsi le joug de Nébucadnetsar, roi de Babylone, de dessus le cou de toutes les nations », alors, Jérémie s’en va. Il est toujours sage d’accepter la place la plus humble, même dans le service du Seigneur, tout comme Jérémie, qui ici se retire en silence, sans se défendre lui-même.

Mais par la suite, « la parole de l’Éternel vient à Jérémie disant : Va, et parle à Hanania ». Alors il prononce le jugement de Dieu contre celui qui a « parlé de révolte contre l’Éternel ». Ainsi c’est lorsque nous nous retirons dans l’humilité, et réduits au silence par l’homme, que l’Éternel nous fait connaître Sa pensée, et l’opposant est alors confondu. « Et Hanania le prophète mourut cette année-là, au septième mois ».

Au chapitre 30, Jérémie est chargé par l’Éternel d’écrire pour lui, « dans un livre toutes les paroles que je t’ai dites ». Au chapitre 32, alors que Jérémie est enfermé dans la cour de la prison, la parole de l’Éternel vient à lui, disant : « Voici, Hanameël, fils de Shallum ton oncle, vient vers toi, disant : Achète-toi mon champ qui est à Anathoth, car le droit de rachat est à toi pour l’acheter ».

En achetant ce champ, quand il est sûr que tout s’en ira entre les mains du roi de Babylone, Jérémie (comme Abraham) croit Dieu qui fait vivre les morts et appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient. Contre toute espérance, il croit avec espérance (Romains 4. 17, 18), et peut ainsi, dans un moment de découragement général, compter avec l’Éternel des armées, le Dieu d’Israël. « On achètera encore des maisons, et des champs, et des vignes, dans ce pays ».

Ainsi, dans une prison, conscient de l’imminence d’une ruine terrible et inévitable, il est amené par la parole de Dieu à montrer que, dans un jour à venir, toute la misère actuelle prendrait fin. Il insiste sur le caractère inévitable de la ruine actuelle, mais il est appelé à voir par la foi le jour de la restauration.

Mais avant que Jérémie puisse embrasser par la foi l’avenir qui lui est ainsi présenté, il lui faut parler à l’Éternel à ce sujet (versets 17-25). La seule communication de la parole, si positivement qu’elle soit donnée ou reçue, ne suffit pas. Le serviteur a besoin de s’attendre à Dieu pour la saisir, comme Jérémie le fait du verset 16 au verset 25. Alors, au verset 26, la parole de l’Éternel vient à Jérémie : « Voici, je suis l’Éternel, le Dieu de toute chair ; quelque chose est-il trop difficile pour moi ? ». L’Éternel lui explique Ses desseins, la destruction complète toute proche de Jérusalem, mais aussi la restauration future de Son peuple. « Voici, je les rassemblerai de tous les pays où je les ai chassés dans ma colère, et dans ma fureur, et dans mon grand courroux ; et je les ferai retourner en ce lieu ; et je les ferai habiter en sécurité ; et ils seront mon peuple, et moi je serai leur Dieu ». Puis nous lisons, au verset 41 : « Et je me réjouirai en eux pour leur faire du bien, et je les planterai dans ce pays, en vérité, de tout mon cœur et de toute mon âme ».

Au chapitre 34, quand le roi de Babylone et toute son armée ont combattu contre Jérusalem, Jérémie est envoyé dire au roi Sédécias que la ville sera livrée en la main du roi de Babylone, mais que sa vie sera préservée.

Il vaut la peine de remarquer que le serviteur est enseigné à adoucir le jugement par la miséricorde.

Chapitre 36. Environ dix-huit ans avant le chapitre 34, l’Éternel parle à Jérémie disant : « Prends-toi un rouleau de livre, et y écris toutes les paroles que je t’ai dites… Peut-être la maison de Juda écoutera-t-elle tout le mal que je pense à lui faire, afin qu’ils reviennent chacun de sa mauvaise voie ».

Il est très intéressant de remarquer la raison, et les occasions, de confier à l’écriture les communications orales des prophètes. Nous apprenons par Moïse, en Deutéronome 32, que la raison d’écrire son cantique, et de l’enseigner aux fils d’Israël, c’était « afin que ce cantique me serve de témoignage contre les fils d’Israël », car il était le récit des soins patients et fidèles de Dieu envers Son peuple. En Jérémie, c’est pour réveiller le peuple. En Luc, c’est « afin que tu connaisses la certitude des choses dont tu as été instruit ». Pour Jean, « ces choses sont écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie par son nom » ; ou comme dans son épître « afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu ». Pour Paul, c’est pour corriger, empêcher le progrès des erreurs, ou pour communiquer la vérité, comme à Éphèse, quand il était emprisonné. Or le livre est brûlé par le roi quand Jérémie en a lu trois ou quatre pages (versets 22-26). Alors, « la parole de l’Éternel vint à Jérémie, disant : Ainsi dit l’Éternel : Tu as brûlé ce rouleau… ainsi dit l’Éternel touchant Jéhoïakim, roi de Juda : Il n’aura personne qui s’asseye sur le trône de David, » etc. (Voyez versets 30-32).

Chapitre 37. Sédécias, fils de Josias, succède à Conia, fils de Jéhoïakim, que Nébucadnetsar, roi de Babylone, a établi roi sur le pays de Juda ; mais ni lui, ni ses serviteurs, ni le peuple du pays, n’écoutent les paroles de l’Éternel qu’Il a dites par Jérémie le prophète.

Quand l’armée des Chaldéens se retire de Jérusalem à cause de l’armée du Pharaon, Jérémie sort de Jérusalem pour s’en aller dans le pays de Benjamin. À cause de sa foi en la parole de l’Éternel qu’il a annoncée, il ne reste pas dans la ville, mais cela est mal compris par les chefs du peuple, qui croient qu’il va se rendre aux Chaldéens ; ils se mettent en colère contre Jérémie, le battent, et le mettent en prison dans la maison de Jonathan, le scribe.

Il reste dans la maison de la fosse bien des jours. Puis « le roi Sédécias envoya, et le prit. Et le roi l’interrogea en secret dans sa maison, et dit : Y a-t-il quelque parole de par l’Éternel ? »

Quand la conscience n’est pas entièrement étouffée, il peut y avoir un désir d’entendre la parole de l’Éternel, même si l’on n’est pas décidé à lui obéir ; cependant le cœur en est troublé. Ensuite, quand Jérémie le prie de ne pas le faire retourner dans la maison de Jonathan, de peur qu’il n’y meure, le roi Sédécias commande que l’on fasse « garder Jérémie dans la cour de la prison » ; et qu’on lui donne « par jour un pain, de la rue des boulangers, jusqu’à ce que fut consommé tout le pain de la ville. Et Jérémie demeura dans la cour de la prison ».

Chapitre 38. Jérémie n’a pas un long répit, car les princes incitent le roi à le mettre à mort. Et, le roi cède, alors « ils prirent Jérémie et le jetèrent dans la fosse… Et il n’y avait point d’eau dans la fosse, mais de la boue, et Jérémie enfonça dans la boue ». Jérémie apprend combien vain est le secours de l’homme. Il est exposé à la calomnie de ses ennemis, et le roi, qui vient d’écouter ses paroles et qui, à sa requête, a adouci son internement, accepte maintenant qu’on le descende dans une fosse terrible à la parole des princes.

Ici l’Éternel intervient en sa faveur par Ebed-Mélec, l’Éthiopien. Il est très précieux et encourageant de remarquer de quels instruments inattendus l’Éternel se sert pour aider et secourir Ses serviteurs dans l’épreuve. Selon les apparences humaines, Jérémie n’a d’autre perspective devant lui qu’une mort lente et d’autant plus pénible que, pour un Israélite, les espérances sont très liées à la terre. Mais Ebed-Mélec prie le roi de lui permettre de sauver le prophète. Jérémie est préparé aux nouveaux services qui sont maintenant devant lui. Il les aborde comme quelqu’un qui ne compte plus sur l’homme.

Chapitre 39. 2 : « En la onzième année de Sédécias,­… la brèche fut faite à la ville ». Après des années de patience et de souffrance, les paroles de Jérémie s’accomplissent. Nebucadretsar l’accueille maintenant avec bienveillance. Le roi de Babylone « avait commandé… touchant Jérémie, disant : Prends-le, et aie les yeux sur lui, et ne lui fais aucun mal ; mais selon ce qu’il te dira, ainsi agis avec lui » (versets 11, 12). Ainsi le chef des gardes et tous les chefs font prendre Jérémie de la cour de la prison, et le remettent à Guedalia, afin qu’il le ramène à la maison : et il demeure au milieu du peuple.

Chapitre 40. Il est délivré de ses chaînes et mis en liberté. Et Jérémie vient vers Guedalia à Mitspa, et habite avec lui parmi le peuple qui reste dans le pays. Il s’associe avec le pauvre résidu laissé dans le pays sous l’autorité du gouverneur que le roi de Babylone a établi sur les villes de Juda.

Chapitre 41. Jérémie aborde maintenant une grande et nouvelle expérience. Il s’est associé au résidu laissé dans le pays, mais, à la suite de la perfidie d’Ismaël, tous ceux qui ont été épargnés s’en vont (verset 17), et habitent à l’hôtellerie de Kimham, pour se retirer en Égypte à cause des Chaldéens. Ils viennent alors à Jérémie et lui demandent d’interroger l’Éternel pour eux. La réponse parvient au prophète dix jours après ; mais, malgré l’avertissement de celui-ci, ils n’écoutent pas la parole de l’Éternel, et s’en tiennent à ce qu’ils ont au fond décidé dès le commencement, ils vont en Égypte par crainte des Chaldéens. La parole de l’Éternel vient alors à Jérémie : « Prends dans ta main de grosses pierres, et cache-les dans l’argile, dans le four à briques qui est à l’entrée de la maison du Pharaon, à Takhpanès, sous les yeux des Juifs ; et dis-leur : Ainsi dit l’Éternel des armées, le Dieu d’Israël : Voici, j’envoie, et je prendrai Nebucadretsar, roi de Babylone, mon serviteur ; et je mettrai son trône au-dessus de ces pierres que j’ai cachées, et il étendra sur elles sa tente magnifique ».

Les tentatives de l’incrédulité pour échapper aux difficultés qu’on craint de rencontrer dans le chemin de l’obéissance sont sans effet. Les difficultés que l’on fuit nous suivent, et prennent une forme plus pénible encore que nous ne le pensions. C’est la crainte de Nébucadnetsar qui les a poussés à désobéir à la voix de l’Éternel et à descendre en Égypte, or Nébucadnetsar va les y atteindre.

Quelle souffrance, quelle tristesse pour Jérémie ! Pendant bien des années il a veillé sur le peuple de Dieu et l’a averti du jugement à venir, et il se trouve maintenant éloigné de Jérusalem et associé en Égypte avec ce résidu jadis heureux à qui il doit annoncer un jugement plus terrible encore que celui qui était tombé sur Jérusalem. C’est une expérience des plus pénibles pour le serviteur que de vivre assez longtemps pour voir l’effondrement de l’œuvre qu’il a cherché à édifier avec zèle. Ainsi Paul voit la ruine de l’église, comme maison de Dieu sur la terre.

Le témoignage de Jérémie se termine par des indications prophétiques concernant l’Égypte, les Philistins, Moab, Ammon, Édom, Damas, Kédar, Hatsor, Elam et Babylone ; il y a toutefois une parole de grâce pour l’Égypte, qui sera habitée comme autrefois, ainsi que pour Moab et pour Elam.